Le 26 août était la Journée de l’égalité des femmes aux Etats-Unis. Cette journée commémore l’adoption en 1920 du 19e amendement à la Constitution des États-Unis, qui interdit aux États et au Gouvernement Fédéral de refuser le droit de vote aux citoyens des États-Unis sur la base du genre. C’est aussi le moment de célébrer l’importance du rôle et l’implication des femmes dans l’histoire et dans nos sociétés actuelles.
A cette occasion, nous avons donc voulu mettre en valeur la fondatrice d’EFBA (Education Française Bay Area), Gabrielle Durana, son histoire, son expérience et ses actions pour EFBA.
D’où viens-tu et où as-tu grandi ? Je suis née à Buenos Aires en Argentine et j’ai grandi en France, à Evry en Essonne, à partir de l’âge de 6 ans.
Quand es-tu arrivée à San Francisco ? J’habite à San Francisco depuis 2004. Avant de déménager ici, j’étais venue des dizaines de fois en vacances à partir de l’an 2000.
Que préfères-tu dans cette ville ? San Francisco combine plusieurs choses que j’adore : le côté futuriste (j’ai un père inventeur), le côté multiculturel puissance 10, les grands espaces et la nature toute proche.
Pourquoi avoir monté l’association EFBA ? J’ai trouvé injuste que seuls les enfants des gens riches puissent garder leur(s) langue(s) en allant dans une école internationale. Quid des autres ? Le plurilinguisme cela devrait être pour tout le monde. Nous vivrions dans un monde beaucoup plus ouvert et en paix, si nous connaissions tous 5 ou 6 langues et si nous étions intéressés et capables de comprendre les cultures d’autrui.
EFBA c’est quoi concrètement ? C’est un modèle d’école à temps partiel pour devenir bilingue et biculturel. Nous le développons en français mais il peut s’appliquer dans n’importe quelle langue.
Quels challenges as-tu pu rencontrer/ rencontres tu encore ? Et quelles ont été les réussites ? La pérennité de l’association est un rocher de Sisyphe, un défi toujours renouvelé. Créer et maintenir une coalition de soutien à la cause de l’association requiert beaucoup d’énergie. Ma plus belle réussite est le fait que si un jour je décidais de m’engager dans un autre projet civique ou littéraire, l’association pourrait continuer à se développer et à servir des milliers d’enfants sans moi. Les fondations sont solides et le modèle a fait ses preuves.
Le meilleur moment chez EFBA ? Il y a eu beaucoup de petits et grands bonheurs. Certainement l’un des moments les plus touchants est quand j’ai vu revenir un ancien élève qui finissait le lycée et qu’il m’a dit que l’association et le taekwondo avaient représenté le meilleur environnement pour se construire, en plus de l’école et de sa famille. Cela m’a fait tout drôle de l’embaucher comme animateur de centre aéré dix ans après l’avoir eu comme élève.
Qu’envisages-tu comme futur pour EFBA ? J’aimerais que notre modèle serve un jour de base à une politique publique qui démocratise l’accès à une éducation française à l’étranger. Ce même modèle pourrait permettre aux enfants d’immigrés de garder leur langue maternelle et à d’autres de devenir bilingues.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui montent leur association ? Le marché répond à un certain type de problèmes : de création de richesse matérielle et d’allocation des ressources. L’Etat prépare le futur, pose les règles du jeu, protège les plus vulnérables et corrige les injustices. Entre l’Etat et le marché, il y a de la place pour ces solutions innovantes et solidaires, des initiatives citoyennes, c’est le tiers secteur. Pour créer une association, il faut choisir une mission qui vous est chevillée au corps car il y aura des hauts et des bas et ce qui vous donnera la force de continuer est votre conviction que la mission est indispensable. Ce qu’il y a de beau dans l’associatif est que nous faisons vivre nos valeurs et que nous avons la possibilité de vivre une vie intégrée dans laquelle nos actions sont en phase avec nos valeurs. Du coup, avant de vous engager il faut faire un inventaire de ce qui est important pour vous, car l’entrepreneuriat social c’est comme être amoureux, on y pense tout le temps. Il faut commencer petit et imaginer l’impact de la mission à grande échelle. Parfois concrétiser une idée prend toute une vie.
Si tu étais un plat ? Les Chaplis kebab, une sorte de viande marinée cuite à plat. Le riz à l’afghane est à se damner !
Si tu étais une citation ? Nous sommes une organisation apprenante.
Si tu étais un mot ? Liberté.
Si tu étais un objet ? Une fusée spatiale.
Si tu étais une matière enseignée à l’école ? L’empathie.
Si tu étais une ville ? Babylone.
Propos recueillis par Eva Gimello – Development & Outreach Associate
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