Toral a grandi à Djibouti et vit en Californie depuis 1988. Elle est enseignante chez EFBA depuis sept ans. Elle enseigne au sein de deux classes différentes: une classe de 12 élèves à Mountain View et une classe de 6 élèves à Palo Alto. Elle co-enseigne également dans une classe de 8 élèves à Mountain View. Avant EFBA,  elle a travaillé comme gestionnaire de projet pour une association à but non lucratif pendant quatre ans, gérant les programmes de mentorat et la mise en œuvre du programme de mentorat à distance, qui a permit de mettre entre 150 et 200 étudiants en contact avec plus de 150 mentors bénévoles par email. 

 

Peux-tu te présenter ? D’où viens-tu ? Quelles études as-tu faites ? 

Je suis née en Inde, puis à l’âge de 6 mois, j’ai déménagé en Afrique, à Djibouti où j’ai grandi. A 3 ans je suis rentrée à l’école française catholique et j’ai été la première personne non française à être acceptée dans l’école. Au début c’était une probation d’un an. Cela s’est bien passé, malgré l’appréhension de mes parents du fait qu’on ne parlait pas le français et qu’il n’y avait pas d’autres écoles aux alentours. A 5 ans j’ai eu la possibilité d’être transférée à l’école Indienne mais j’ai refusé et j’ai continué dans l’école Française. J’avais déjà passé 3 ans dans cette école. J’étais bien intégrée et j’avais des amis ! 

Je suis restée 18 ans à Djibouti. J’ai passé mon bac en France et à l’université à Angers et j’ai fait ma licence d’anglais. 

J’avais de la famille aux Etats-Unis, à Los Angeles et j’ai voulu passer ma maîtrise pour être professeure agrégée aux Etats-Unis. Mon admission a été refusée car je devais refaire mon Bachelor Degree. J’ai alors décidé de prendre le Français en Majeure et je me suis mise au défi de passer tous les examens finaux en Français ! J’ai obtenu ma licence en deux ans. J’ai été ensuite reçue à Stanford pour passer ma maîtrise en 9 mois. On m’a proposé de passer mon doctorat mais j’ai refusé car j’étais déjà mariée et je ne voulais pas me séparer de ma famille. De plus les débouchés sont compliquées pour obtenir un poste en université aux Etats-Unis. 

 

En dehors du français et de l’anglais, parles-tu d’autres langues? Si oui, peux-tu nous dire quelque chose?

Je parle l’hindi et le Gujarati. Je comprends l’espagnol et l’italien mais ne pratique plus ces deux langues. 

Hindi: “Mein French bolti houn.” ; “Je parle le Français.”

Gujarati: “Tamaru naam shu che?” ; “Comment tu t’appelles?”

 

Qu’est-ce que EFBA pour toi? Pourquoi as-tu choisi cette organisation plutôt qu’une autre ?

J’ai connu EFBA via Gabrielle, c’était il y a 8 ans. Je l’avais contactée mais je n’ai pas eu de nouvelles pendant un moment. Puis je l’ai relancée et ai été reçue en entretien. A l’époque il n’y avait pas autant d’antennes et donc tous les postes étaient déjà pris. 

Gabrielle m’a proposé un poste d’assistante à San Jose. J’ai donc commencé comme assistante pendant 1 an, puis je suis passée enseignante pour les enfants inscrits dans le curriculum Français Langue Seconde. 

J’ai continué avec ce curriculum jusqu’à l’année dernière où on m’a proposé de passer sur le curriculum Francophone. J’ai donc commencé à enseigner dans une classe de Francophone à Santa Clara. Il y avait 3 niveaux différents et je n’avais pas d’assistant, ce qui était un challenge, mais cela c’est bien passé !

Pour moi, EFBA c’est apporter les connaissances de la langue et la culture francophone. Considérant mon parcours, cela me paraissait normal d’apporter ces connaissances. 

 

Pourquoi es-tu devenue enseignante ? Qu’est-ce que l’enseignement représente pour toi ?

Parce que j’adore les gamins et je n’ai pas d’enfants et donc mes étudiants sont un peu mes enfants ! Et puis, les enfants c’est le futur. 

 

Penses-tu que parler une nouvelle langue a des avantages ? Si oui lesquels ? 

Il y a beaucoup d’avantages, tu peux postuler dans plusieurs pays. Cela t’ouvre beaucoup plus de portes. Même quand tu voyages c’est un avantage.

Mon neveu a appris le français. Au début, il ne voyait pas trop l’intérêt. Aujourd’hui sa compréhension du français lui permet de comprendre certains documents dans le cadre de ses études.  

 

Comment apprends-tu la langue française à tes élèves ?

J’essaye de faire un peu de tout : de l’imagerie, de la conversation (je prépare des questions des devinettes des charades…) et surtout de la répétition. Il faut pratiquer une langue le plus souvent possible pour l’assimiler.  

Comment arrives-tu à susciter leur intérêt pour la langue française ?

Souvent les étudiants me disent qu’ils sont en classe chez EFBA parce que les parents les ont inscrits là, alors qu’ils n’en n’avaient pas forcément envie. 

Pour éveiller leur intérêt,  je leur donne souvent des défis. Ça leur montre qu’ils ne savent pas tout et qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Par exemple, je leur demande où se trouve Djibouti et la plupart du temps ils me regardent avec des yeux ronds. Cela suscite leur curiosité. 

On fait aussi beaucoup de jeux. Ils adorent le jeu du Bac et le Pendu ! On fait un peu de Yoga aussi. A la fin de la séance, on fait des vidéos.  En fait, il ne faut pas seulement faire de l’apprentissage pur et dur, mais aussi inclure un aspect ludique varié. 

J’aime beaucoup leur faire faire des jeux de rôles. Je leur demande de faire la leçon comme un prof (je leur donne une semaine de préparation, bien sûr) et ils aiment ça, c’est plus interactif ! En plus c’est un gage de confiance et cela les valorise !

 

Peux-tu nous dire quel a été l’un des meilleurs souvenirs ou expériences que tu as vécu avec tes élèves ?  

Une petite de 5 ans qui a du s’absenter pendant plusieurs semaines et au retour a couru vers moi en me disant “Oh tu m’as manqué maîtresse!”. 

Un autre petit de 5 ans me fait à chaque fois la fête. Il est toujours trop content de me revoir.  Je les adore parce qu’ils sont tellement innocents. Ils sont juste eux mêmes et sont très spontanés. 

 

Si tu étais une citation ou un mot, qu’est-ce que ce serait ?

 Je serais le mot “Differentiation”. Dans mes cours je ne fait pas toujours la même chose. Je montre à mes élèves des choses différentes et leur montre qu’il y a différentes manières d’apprendre. 

 

Pour finir, décris-nous un “Fun Fact” à propos de toi (de ta personnalité, de ce que tu aimes ou de ce que tu détestes).

Je déteste repasser ! C’est la pire tâche ménagère je trouve ! Sinon, j’aime bien rencontrer des gens de différentes cultures et partager ce que j’ai appris pendants toutes ces années. 

 

 

Propos recueillis par Eva Gimello – Outreach and Development Associate

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